– Juin 2019 –
Non pas des cathédrales comme le chantait Garou dans l’opéra « Notre Dame de Paris » mais des congés payés en ces mois d’été. Congés payés, non pas attribués charitablement par le patronat, mais bien conquis par la lutte de nos anciens. Aujourd’hui, personne n’imaginerait que les congés payés puissent ne pas exister… et pourtant… Il a fallu les grèves de mai-juin 1936 pour que le patronat et le gouvernement accordent, entre autres, les deux semaines de congés payés, de peur de perdre bien plus. 20 ans plus tard en 1956, le cabinet Guy Mollet fait adopter une troisième semaine de congés payés obligatoires. En 1969, est octroyée la quatrième semaine et c’est fi nalement, en 1982 que le temps des congés payés est fi xé à cinq semaines.
C’est un rappel important dans ces temps où la vérité historique est de plus en plus détournée aux profi ts d’une certaine idéologie. N’a-t-on pas entendu le Président de la République célébrer le 1er Mai en affirmant que « Le 1er mai est la fête de toutes celles et ceux qui aiment le travail, le chérissent,». Alors que chacun sait qu’il s’agit d’un jour international pour les droits des travailleurs. Ce jour ayant été décrété non travaillé suite à la répression sanglante de la manifestation du 4 mai 1886 à Chicago où les salariés réclamaient la journée de 8 heures.
Nous sommes de plus en plus dans une ère de communication. Et une information chasse la précédente sans que l’on s’étonne, sans que l’on ait le temps de la vérifi er. À l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement propose que les salariés « offrent » une journée de travail gratuit pour les EHPAD. Le travail contraint et gratuit ne peut-il pas être assimilé à de l’esclavage ? Là est la question au pays des droits de l’Homme. Retirer un jour férié ou un jour de RTT ? « On » nous affi rme que les Français travaillent moins que dans les autres pays européens, alors que l’INSEE indique dans son dernier rapport que dans les pays européens du Nord (vous savez ceux dont « On » nous vante les bienfaits en matière de faible rémunération) les travailleurs oeuvrent moins longtemps et sont moins productifs. Nous prendrait-«On » pour des lapins de 6 semaines ? Alors que nos anciens revendiquent plus de moyens de maintien à domicile (aides qui peuvent être fi nancées en partie par nos organismes sociaux telle que la téléassistance – voir page réseau solidaire) plutôt que d’aller enrichir les établissements privés qui coûtent beaucoup plus cher que les établissements publics et qu’ils ont bien des diffi cultés à payer.
Être entouré des siens c’est ce qu’ils souhaitent, de même que les salariés (qui veulent profi ter de ces journées payées non travaillées que sont les vacances) pour se retrouver en famille. Faire un break, récupérer ses forces de travail, découvrir, s’émanciper, se cultiver. Et en cela les premiers élus de nos organismes sociaux l’avaient bien compris dès 1946, en installant dans chaque centre de vacances CCAS des bibliothèques. Car ne dit-on pas que « lire c’est être libre ». Et de liberté, nous en avons tous besoin. Que ce soit à l’époque au sortir de la guerre ou aujourd’hui dans un monde de plus en plus connecté, il faut des espaces de liberté. Quoi de plus facile, de plus simple que de prendre un livre, s’y plonger et laisser courir son imaginaire, sa réfl exion, son sens de la critique.
Oui les vacances servent aussi à cela ! Alors profitez en bien, enrichissez vous intellectuellement en un mot, ne bronzez pas idiot. Car la rentrée sera dure. Comme tous les ans ?
Cela dépendra de vous.
Bonnes vacances !
Jérôme Tixier
Président de la CMCAS Bourgogne
« Ce n’est qu’avec le passé qu’on construit l’avenir » Anatole France