– février 2020 –
Entre l’écriture de cet édito et votre lecture plus d’un mois sera écoulé. Il ne collera donc pas forcément avec l’actualité. Car l’actualité de cette mi-janvier est faite de mouvements sociaux importants qui touchent nos entreprises et par la même nos activités sociales. Il y a bien sûr la lutte contre la réforme des retraites, mais pas que. Car c’est à l’ensemble de notre protection sociale que les forces du patronat, au travers de ce gouvernement, s’attaquent. Et ils ne veulent pas universaliser par le haut comme l’avaient édifiée Ambroise Croizat et le CNR mais bien par le bas.
Cette protection sociale qui nous protège tout au long de notre vie de l’avant naissance à nos derniers jours. Du congé parental pour les parents, des aides à l’enfance à nos caisses de retraite mais aussi lors des accidents de la vie que peut être le chômage. C’est cet ensemble qui leur est insupportable, ces sommes d’argent qui leur échappent. Pour eux, il faut tout casser, tout éclater pour en retirer les gains. Haro sur les services publics, démanteler les hôpitaux publics au profit des cliniques privées, au mépris de la santé des citoyens. Fermer des maternités au nom de la rentabilité. Mais les missions de soigner doivent elles être rentables ? En chine les médecins ne sont rémunérés que si vous êtes en bonne santé, s’ils ne peuvent vous guérir, ils ne sont pas payés. Une autre conception.
Et que dire de nos si belles entreprises du temps où elles étaient 100% publics ! Du temps où il fallait tout reconstruire, alimenter chaque habitation fut-elle en plein milieu de nulle part, avec une péréquation tarifaire, c’est-à-dire le même tarif pour tous. Ces belles entreprises, la société libérale a voulu les mettre en concurrence en les obligeant à augmenter leurs prix afin de faciliter les bénéfices de ses concurrents. Puis, comme cela ne suffisait pas le gouvernement les a privatisées faisant ainsi entrés des actionnaires attirés uniquement par les dividendes. Puis, allant encore plus loin celui-ci les a éclatées en entreprises distinctes au lieu de les garder en entreprises intégrées ce qui faisaient leurs forces. Et aujourd’hui un nouveau pas voudrait être franchi avec le projet Hercule pour répondre toujours plus à l’appétit du capitalisme.
Mais, comme de tous temps des agents disent Non ! Car comme écrivait Montaigne en 1590: « Se taire lorsqu’il faut s’indigner rend les hommes lâches » et ce ne sont pas des lâches mais des hommes et femmes qui ont à cœur d’œuvrer pour le public. Le service public ! Et non par esprit de corporatisme comme nos chers médias le clament aux ordres de leurs possédants.
Et ce sont nos activités sociales qui en pâtissent avec une dotation budgétaire qui diminue et des moyens bénévoles qui s’amenuisent perturbant de plein fouet notre fonctionnement.
Et le discours de l’Abbé Pierre prend ici tout son sens : « Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure « Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous ! Quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir. »
Alors oui « on est là » et comme il est dit dans la chanson « pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur ».
Jérôme Tixier
Président de la CMCAS Bourgogne